L’autre jour, je regardais un documentaire sur les animaux et leurs petits. J’y tire souvent des leçons de parentalité et sur « l’ordre naturel des choses ». Une lionne observait ses petits se tirailler. Elle les laissait faire parce que, disait le narrateur, ce jeu physique est bénéfique pour les lionceaux : ils apprennent des règles sociales importantes et deviennent meilleurs à la chasse. Je me suis dit que la nature, contenant toute la sagesse et la science du monde, avait à apprendre aux enfants comment se comporter en temps de paix comme en temps de guerre. Plutôt que de lancer le classique : « ARRÊTEZ DE VOUS TIRAILLER, QUELQU’UN VA SE FAIRE MAL », nous avons décidé d’acheter des gants de boxe aux enfants. Je vous raconte comment ça s’est passé.
Excités d’ouvrir le paquet
J’ai acheté une paire de gants pour enfants et une paire de gants pour adultes que j’avais pris soin de mettre à leur nom. Quelle joie de recevoir un paquet quand on est un enfant! (et quand on est un adulte, aussi! 😉). Nous les avons vite enfilés et j’ai invité les enfants à me frapper au visage. Au début, ils n’étaient pas sûrs, mais après quelques coups de semonce, ils ont commencé à y mettre plus d’entrain… Ça m’a permis de me rassurer à l’effet que les gants amortissaient bien le choc et que ma belle petite face ne serait pas scrap après 15 minutes…
Ensuite, je leur ai montré tout ce que je savais du sport (c’est à dire les leçons que j’avais retenues de Rocky et du film Ali avec Will Smith…). Je leur ai appris à monter leur garde. À donner des coups. À éviter d’autres coups. À faire « des combines » de plusieurs coups. On a eu bien du plaisir. Je me mettais à genoux, sauf avec la plus grande qui a dix ans.
Un combat épique
Laurence, qui a sept ans, est celle qui a eu le plus de plaisir. Elle adorait se dépenser en frappant sur son père! Félix, qui a le même âge, est plus intellectuel et il a aussi beaucoup aimé s’entraîner à la boxe, mais plutôt pour le côté technique. Il aimait calculer, par une formule mathématique qu’il est le seul à connaître, la qualité des dommages infligés versus l’énergie déployée. Quand je suis revenu à moi, il m’a expliqué qu’un uppercut avait une bien plus grande efficacité qu’une combinaison de trois ou quatre jabs… 🤕
Nos deux sept ans ont ensuite voulu s’affronter. C’est ici que toute la beauté du sport s’est exprimée. Laurence a fait plier le genou de Félix à deux reprises. Elle était pas mal fière, elle qui est plus petite en taille et en poids que son frère. Mais Félix s’est relevé à deux reprises et il a commencé à frapper (un peu trop fort). Laurence a été surprise par le tonnerre qui venait de s’abattre sur elle. Félix a commencé à frapper moins fort pour faire durer le plaisir. Après qu’elle se soit admise vaincue, les deux se sont félicités.
Des leçons à en tirer
Ce que j’ai vu, c’étaient deux enfants qui découvraient leur force et un nouveau sport. Ils ont appris à respecter l’autre et à ne pas faire mal à outrance. Une fois que les gants furent enlevés, il n’était plus question de se chamailler. J’entrevois que ce sport leur permettra à évaluer la force de l’adversaire avant de lancer le premier coup. Pour l’instant, ils ne verront pas le lien, mais plus tard ces leçons leur serviront même en dehors du ring!
Nous avons fini par racheter deux autres paires de gants pour enfants et adultes. Nous avons aussi acheté des casques, pour réduire le frottement sur les oreilles. Nous les savons en sécurité pour pratiquer ce sport, même si nous exigeons tout de même qu’ils le pratiquent sous notre supervision. Nous sommes les arbitres des combats et nous intervenons si jamais il y a un risque que ça dégénère.